Amandine Aug-12-2004, 08:53 GMT
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France
 | Vous avez lu les critiques dans les grands journaux? J´ai été choqué qu´on traite de si grands artistes de la sorte!!!! En plus, on pourrait croire en lisant ça qu´ils ont pas du tout écouté ce que Art et Pzaul nous racontait!
Regardez par vous-meme :
De loin, on les croirait droit sortis de 1981, le fameux concert à Central Park : Arthur Garfunkel, le dégingandé, en jean-chemise bleue flottante, Paul Simon, le râblé, en jean-tee-shirt bordeaux. De près, grâce aux écrans géants surplombant la scène, Garfunkel (maquillé) se révèle un intrigant morphing entre le mime Marceau et Pierre Richard, Simon, une version de plus en plus dégarnie de Droopy. Vingt-trois ans ont bel et bien passé depuis la grand-messe folk new-yorkaise qui nous a donné envie d´assister hier aux énièmes retrouvailles du duo, fondé il y a cinquante ans dans une école de Kew Gardens, quartier du Queens.
Dans un Bercy rempli et tout assis, Old Friends ouvre logiquement l´affaire : après tout, ce titre donne son nom à la présente tournée mondiale, et S & G sont des amis de plus de trente ans. Quoique. On les a dit tant de fois brouillés, le grand blond à la voix de cristal et le petit brun doté de tous les autres talents, dont celui de poursuivre une carrière solo non datée au carbone 14 (avec d´éminentes incursions côté musique sud-africaine ou brésilienne).
Depuis 1970, date de leur dernier album (Bridge Over Troubled Water), Simon & Garfunkel ne se retrouveraient que pour cachetonner, la rumeur voulant même que sur cette tournée, ils ne fassent que concert commun et Simon aurait affirmé qu´il s´agissait de la der des ders (en même temps, ce coup-là a déjà rapporté 64,5 millions d´euros...).
Tom & Jerry. De fait, sur scène, le doux duo ne respire pas la symbiose, tout au plus l´entente cordiale : côte à côte façon sardines, le plus souvent immobiles et avec un rapport à la salle bien individualisé : à Garfunkel le sourire et l´animation dans un français aimablement bizarre («Je suis l´homme qui a porté Paul Simon à Paris» (?) «Je souhaite faire une dédication à ma femme dans la salle»), à Simon le rôle d´éminence grise impavide : juste avant Hey Schoolgirl, leur premier single enregistré en 1956, il se fend tout de même de cette introduction, sourire ironique à l´appui : «On a commencé à chanter ensemble à 16 ans, on s´appelait alors Tom & Jerry, moi, j´étais Tom, lui...»
Leurs mains se rejoignent bien en clôture de The Boxer, mais l´élan fait téléphoné. N´importe, il semblerait que dans leur cas, le duo c´est comme le vélo : dans une mise en scène réduite au strict minimum (à peine quelques jeux de lumière qui parfois donnent à Garfunkel l´allure du héros d´Eraserhead), la paire enquille les tubes à l´unisson. Pour le plus grand plaisir de l´assistance, majoritairement quadra-quinqua, qui ne mégote pas sur le claquement de mains ni la standing ovation : Scarborough Fair, Homeward Bound, The Sound of Silence, Mrs. Robinson (introduite par un extrait du Lauréat sur écran), Slip Slidin´ Away, Bridge Over Troubled Water, Cecilia, The Boxer. Jusqu´à Feelin Groovy en clôture une heure quarante-cinq plus tard. El Condor Pasa mérite le carton rouge ; et où sont passés Kodachrome ou Fifty Ways to Leave your Lover ?
Vifs Everly Brothers. Mais grosso modo, on en a pour son argent (à Paris, les places oscillaient entre 50 et 150 euros). Surtout quand les six musiciens qui accompagnent Simon & Garfunkel ne jouent pas Bercy, à l´acoustique légendairement grossière, a souligné cette fois encore la pertinence de l´épure. Sans compter les quatre titres joués à mi-course par les Everly Brothers armés de leurs guitares noires... Des «special guests» qui affichent au bas mot dix ans de plus que leurs hôtes et émules, mais un enthousiasme et des voix étonnamment intacts, notamment le timbre de l´aîné Don, qui évoque son contemporain Ovni défunt Roy Orbison.
Bilan ? Positif. On a acquis au passage la certitude que la nostalgie n´est plus ce qu´elle était, ce qui est toujours ça de gagné. Et puis, l´envie de réécouter Paul Simon, capable, par exemple, de donner un éclat bossa à Homeward Bound, ou des accents country à Baby Driver. ça tombe bien : un luxueux coffret couvrant toute son oeuvre solo «remastérisée» vient de sortir aux Etats-Unis.
Le duo n´a plus livré de disque depuis 1970 et n´était pas monté sur scène depuis vingt-deux ans. Les Everly Brothers ont aidé le charme à opérer.
On les avait quittés, il y a vingt-deux ans, sur la pelouse de l´hippodrome d´Auteuil pour leur première tournée de retrouvailles. Ils avaient juré qu´on ne les y reprendrait plus. Simon & Garfunkel étaient à nouveau réunis à Paris, dans un Palais omnisports de Bercy plein à craquer un 19 juillet. Le duo sexagénaire de chanteurs new-yorkais est rare, il est aussi cher, avec des places s´échelonnant de 60 à 150 euros. Le souvenir de la bohème, qu´il soit de Greenwich Village ou du Quartier latin, se monnaie au prix fort. Fait rarissime, la fosse de Bercy est recouverte de sièges pour un public qui a souvent troqué, au fil des décennies, le jean-T-shirt pour le costume-cravate ou le tailleur, sortie du bureau oblige. Simon & Garfunkel ont baptisé leur nouvelle tournée "Old Friends" (ce sont des amis de cinquante ans), un titre antique avec lequel ils ouvrent leur concert. On ne sait si ce choix est ironique : sur scène, les deux compères échangent à peine un regard, semblent éloignés l´un de l´autre en chantant pourtant côte à côte, seuls ou accompagnés par un groupe de sept musiciens. Mais l´appât du gain fournirait une explication un peu courte à ces retrouvailles. Leur numéro de vieux couple caractériel, régulièrement brouillé, fait finalement partie du spectacle et tous deux prennent isolément plaisir à faire vivre un répertoire en or massif. Des chansons cultivant la mélancolie d´une innocence perdue, dues à la seule plume de Paul Simon.
Le duo, sans projet discographique en vue, n´a rien produit de neuf depuis l´album Bridge Over Troubled Water, en 1970 - ils ont pourtant enregistré ensemble le disque Hearts & Bones, mais Simon, estimant cette ?uvre trop personnelle, a effacé les pistes de son camarade. Les voilà donc condamnés à feuilleter en public l´album de photos des années 1960, ce supposé âge d´or du rock. Les écrans diffusent des images d´archives, sur le modèle du générique d´"Amicalement vôtre": de Paul et Art, les enfants du Queens, jusqu´au fameux concert à Central Park.
LES EVERLY À LA RESCOUSSE
Il faudra pourtant attendre une demi-heure pour que l´illusion opère. Garfunkel, le blond angelot aux bouclettes aujourd´hui clairsemées, semble d´abord un Pierrot grimé un peu perdu, et son acolyte est crispé.
I Am A Rock est alourdi par un tempo alangui, America défiguré par un solo de guitare digne du pire heavy metal. L´intervention des Everly Brothers va débloquer la situation. Simon & Garfunkel ont eu l´élégance d´intégrer à leur tour de chant leurs principaux inspirateurs et non de les envoyer au casse-pipe de la première partie. Avant que les Beatles n´arrivent, Don et Phil Everly vendirent des disques par millions en mêlant à la vigueur juvénile du rock´n´roll les harmonies vocales des Appalaches. Pour cet art d´entremêler les timbres, Simon & Garfunkel, mais aussi Lennon et McCartney, leur doivent tout. Habitués à contenter les retraités de Las Vegas, les Everly sont enfin à Bercy, septuagénaires toujours verts. On rêvait de les entendre chanter Let It Be Me, leur miraculeuse adaptation du Je t´appartiens, de Gilbert Bécaud. C´est fait.
Simon & Garfunkel rejoignent leurs aînés pour un Bye Bye Love tonique. On entre dans une tout autre dimension. Le temps du folk suspendra son vol, des frissons parcourront l´échine pendant la ballade irlandaise Scarborough Fair et l´incontournable The Sound of Silence. Simon a eu aussi l´intelligence de métamorphoser ses créations avec des arrangements qui relèvent de sa carrière solo : langueurs bossa nova, percussions des Caraïbes, tambours brésiliens, piano de tango, flûtes andines. Dans ce binôme reconstitué aux talents si mal répartis, le petit guitariste, roué et surdoué, a évidemment repris le pouvoir. Il ne laissera pas Garfunkel chanter seul Bridge Over Troubled Water, ses cinq minutes de gloire personnelle.
Bruno Lesprit
J´ai envoyé un mail pour le premier article, bizarrement, je n´ai eu aucune réponse!
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