Alain Jun-02-2005, 07:56 GMT
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France
 | Pour en revenir quand même à Paul...
un article ancien trouvé sur le web (Humanité)...faute de grives et en attendant autre chose que du "réchauffé"...
UN BRASIER INSPIRE
Ce chanteur qui, il y a si longtemps déjà, nous charmait de ses fines mélodies, ne finit pas de nous étonner par son amour des rythmes. Dès la première plage (« Obvious Childs ») de son nouveau disque (le nourricier « The Rhythm Of The Saints »), l’introduction frappe fort, au son des crépitements majestueux de quatorze tambours d’Olodum. Cette formation brésilienne, qui délivre ses rythmes ancestraux sur le bitume de Salvador, capitale de la province de Bahia, a été enregistrée en direct, dans la rue. Cet album est un immense arc musical, reliant l’Afrique, la Louisiane, les Caraïbes et le Brésil.
Le Cameroun et le Brésil constituent les deux principaux brasiers de son inspiration. Duo avec Milton Nascimento dans « Spirit Voices », sonorités insolites du groupe Uakti, qui construit ses propres instruments... A Vincent Nguini, ancien guitariste de Manu Dibango qui a percé aux Etats-Unis, a été confiée une belle partie des arrangements, à l’instar de Ray Phiri pour Graceland. Il a rameuté son ancienne tribu musicale : le bassiste Armand Sabal-Lecco et les choristes de Manu Dibango, notamment. Parmi celles-ci on reconnaît la voix, à la fois fine et sûre, de Florence Gnimagnon Titty-Dimbeng. « Nous avons été reçus à New York avec beaucoup de respect, nous explique-t-elle. Paul est un bourreau du travail méticuleux. Il a tout fait pour nous mettre à l’aise. Sissy souffrait d’une sciatique. Il s’est démené comme un fou pour lui organiser des massages, tous les matins avant de commencer les séances en studio. Nous avons travaillé collectivement. Il nous demandait notre avis, non pas dans l’esprit du pillage mais du partage. Il y avait en cela une similitude avec notre collaboration avec Manu Dibango. »
Paul Simon a convié le musicien qu’il « admire le plus », le trompettiste sud-africain exilé Hugh Masekela. Il s’est offert aussi la crème des jazzmen : le batteur Steve Gadd au tempo impeccable et polyvalent, Randy Brecker à la trompette originale, et son frangin magistral au saxophone, Michael Brecker. « The Rhythm of the Saints » - une production extrêmement soignée en fait un bijou - recèle une intime richesse musicale. La voix de Paul Simon occupe une place très particulière. Elle semble en retrait. Pourtant elle occupe l’espace, mais à la manière d’un vent de poésie qui livrerait ses vers dans le secret des oreilles balayées. Un régal, puisque les paroles, comme la musique, sont superbes.
Article paru dans l´édition du 17 octobre 1990.
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